SPF : Comment avez-vous découvert la photographie de rue ?
Corinne Wargnier : J’ai découvert la photographie de rue de manière inconsciente dans un premier temps, assez jeune, à travers des reportages sur Cartier-Bresson et Doisneau diffusés à la télévision. J’ai vu défiler des photos splendides et marquantes sans savoir alors que ce courant portait un nom : la photographie de rue. Je m’y suis par la suite intéressé en profondeur et ai découvert tous les grands noms de la photographie de rue internationale, pour beaucoup américains.

SPF : Depuis combien de temps pratiquez-vous la photographie de rue ?
Corinne Wargnier : Dans la pratique depuis un peu plus de vingt ans.

SPF : Avez-vous suivi une formation en photographie, ou êtes-vous autodidacte ?
Corinne Wargnier : Je n’ai suivi aucune formation, je suis autodidacte passionnée.

SPF : Quel matériel utilisez-vous pour la photographie de rue (appareil photo, objectifs, accessoires, etc.) ?
Corinne Wargnier : J’ai longtemps travaillé avec un Reflex que j’ai abandonné il y a quelques années au profit de l’hybride OM-D EM5 Mark III de chez Olympus, pour – entre autres – sa légèreté et sa discrétion, utiles en photographie de rue. Et dans la plupart des cas j’utilise un objectif 14-55 avec une ouverture à 2.8 qui répond à mes attentes.

SPF : Avez-vous un équipement préféré pour la photographie de rue, et pourquoi ?
Corinne Wargnier : Une indispensable bonne paire de chaussures pour parcourir les kilomètres d’asphalte ! Pour le reste, non, rien de particulier.

SPF : Comment définiriez-vous votre style en photographie de rue ?
Corinne Wargnier : Ce qui m’intéresse est le travail autour de l’humain. C’est jeter un regard bienveillant sur le genre humain dans son environnement quotidien et dans son contexte social. C’est mêler ma sincérité à celle des gens que je photographie en restituant fidèlement ce que je capte dans l’instant. J’appartiens, je crois, au courant humaniste.

SPF : Y a-t-il des photographes de rue qui vous inspirent ?
Corinne Wargnier : Henri Cartier-Bresson est sans doute le photographe qui m’aura le plus marqué. Pour l’esthétisme de son travail, la géométrie construite de ses photos qui laisse toute sa place au hasard, son sens naturel de la lumière et du contraste. Bien d’autres photographes de rue m’ont inspiré, je pense notamment au travail de Saul Leiter, Bruce Davidson, Lisette Model, Helen Levitt ou encore Sabine Weiss. Tous se sont emparés de la vie quotidienne la plus ordinaire pour en extraire une intensité incroyable.

SPF : Pouvez-vous partager une de vos photos de rue préférées et raconter son histoire ?
Corinne Wargnier : Cette photo-ci, prise en 2016 près de la pyramide du Louvre à Paris, est l’une de mes photos de rue préférées. Je traversais tranquillement la cour du Louvre quand la tenue élégante de la jeune femme qui marchait doucement à un mètre à peine devant moi m’a frappée. Elle a soudainement accéléré le pas et j’ai vu au loin un homme qui venait à sa rencontre. J’ai attrapé mon appareil photo et ai déclenché au moment précis où la jeune femme est partie dans un élan et a sauté de joie vers l’homme que l’on aperçoit en fond de photo.

SPF : Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en pratiquant la photographie de rue ?
Corinne Wargnier : Je ne sais si c’est un défi, mais restituer fidèlement une réalité que je respecte et que je capte telle qu’elle se présente dans l’instant est ce qui m’importe le plus.

SPF : Pouvez-vous partager une expérience mémorable que vous avez vécue tout en faisant de la photographie de rue ?
Corinne Wargnier : La pire qui soit : l’appareil qui ne déclenche pas au moment décisif, l’enrayage, la panne. L’impression d’avoir raté la photo d’une vie si l’en est. Difficile expérience !

SPF : Comment gérez-vous les questions d’éthique liées à la photographie de rue, en particulier en ce qui concerne la vie privée des sujets ?
Corinne Wargnier : A partir du moment où il n’y a ni voyeurisme, ni quête du sensationnel, qu’il ne s’agit pas de choquer mais de partager mon amour de l’humain, de porter un regard et un intérêt au quotidien des gens que je photographie, je ne considère pas que la photographie de rue puisse poser problème.

SPF : Quels conseils donneriez-vous aux débutants qui souhaitent se lancer dans la photographie de rue ?
Corinne Wargnier : Je leur dirai, sortez. Passez vos journées dans les rues de votre ville. Observez le monde autour de vous sans jamais cesser de marcher. Puis soyez spontané. Par-dessus tout soyez spontané.

SPF : Avez-vous des recommandations pour développer sa créativité en photographie de rue ?
Corinne Wargnier : Ma réponse sera la même que précédemment…

SPF : Avez-vous des projets ou des objectifs futurs en photographie de rue que vous aimeriez partager ?
Corinne Wargnier : J’aimerais avoir l’opportunité d’une nouvelle exposition collective. Pour tout photographe montrer son travail et le partager est essentiel. Dans ce cadre SPF a un rôle non négligeable à jouer. Nous réunir et créer de beaux projets artistiques.

SPF : Comment avez-vous rejoint Street Photography France ?
Corinne Wargnier : J’ai fait votre connaissance par Instagram. J’ai ensuite passé un long moment sur le site web de SPF et j’ai immédiatement été enthousiasmée. Je vous ai contacté et vous m’avez gentiment accueillie.

SPF : Quels avantages trouvez-vous dans l’appartenance à cette communauté ?
Corinne Wargnier : Le partage me semble être le plus important. Échanger autour de nos pratiques de la photographie de rue, avoir des objectifs communs.

SPF : Avez-vous des projets ou des idées pour renforcer la communauté de Street Photography France ?
Corinne Wargnier : Partager des moments entre photographes. Nous rencontrer, échanger, de manière simple et conviviale.