Stefano Balestrini : L’Art de Capturer le Quotidien en Photographie de Rue

Découvrez les réflexions profondes de Stefano Balestrini, membre de Street Photography France, sur son parcours en photographie de rue. Dans cette interview exclusive pour Street Photography France, Stefano partage ses expériences, ses inspirations et ses techniques, illustrant son engagement envers un art qui capte l’essence éphémère des moments urbains.

On pose les questions à Stefano…

Dans cette interview, Stefano Balestrini partage avec nous son parcours photographique.

SPF : Comment avez-vous découvert la photographie de rue ?
Stefano Balestrini : Je ne saurais dire quand et comment j’ai découvert la photographie de rue, ce sont des images qui m’ont toujours touché par leur authenticité.

SPF : Depuis combien de temps pratiquez-vous la photographie de rue ?
Stefano Balestrini : J’ai commencé à photographier en 1975, souvent en ville, cherchant à jouer avec les ombres et la lumière.

SPF : Avez-vous suivi une formation en photographie, ou êtes-vous autodidacte ?
Stefano Balestrini : J’ai terminé, en 1980, un apprentissage de photographe de laboratoire que j’ai complété en suivant une année d’école de photographie. J’ai ensuite pratiqué la photographie en tant qu’indépendant durant plusieurs années. Les aléas de la vie ont fait bifurquer mon chemin sur d’autres horizons qui m’ont permis de mieux subvenir aux besoins de ma famille. Je suis revenu à la photographie vers 2010, mais à titre purement personnel et par passion de l’image.

SPF : Quel matériel utilisez-vous pour la photographie de rue (appareil photo, objectifs, accessoires, etc.) ?
Stefano Balestrini : J’ai utilisé divers matériels pour la photographie de rue, principalement des Fujifilm : X Pro1/2, Xe3, X100V mais aussi du Nikon Z avec un 35mm Iberit Kipon Elegant entièrement manuel.

SPF : Avez-vous un équipement préféré pour la photographie de rue, et pourquoi ?
Stefano Balestrini : C’est clairement le Fujifilm X100V qui m’accompagne le plus souvent en photographie de rue. J’aime voyager léger et surtout la discrétion qu’il apporte, il me permet de me fondre dans le décor sans me faire remarquer. J’aime aussi ressortir mes vieux coucous, comme je les appelle, des argentiques : Nikon F3 et son 35mm, Zeiss Ikon, Kodak Retina1 et surtout le fameux Rolleiflex. C’est amusant de voir parfois des personnes s’arrêter pour me poser des questions sur l’appareil ou simplement s’émerveiller du fait que « ça fonctionne encore ».

SPF : Comment définiriez-vous votre style en photographie de rue ?
Stefano Balestrini : Je pense qu’il y a deux grands courants qui se distinguent en photographie de rue. Le courant qui raconte une histoire, un moment, une scène de vie, parfois tragique, d’autres fois humoristique ou espiègle ou simplement un moment vécu. C’est une approche qui a fait connaître de nombreux grands photographes, y-a-t-il besoin de les nommer ? Oui car ils sont l’essence de la photographie de rue, Henri Cartier Bresson, Sabine Weiss, Brassaï, Robert Doisneau, Jill Freedmann, Viviane Maier et j’en passe. L’autre courant serait celui de l’approche esthétique, jouer avec le graphisme, les perspectives, les ombres et la lumière qui s’invitent dans l’architecture urbaine, une image un peu plus abstraite. C’est une pratique un peu plus récente mais qui me définit assez bien. Je me définis rarement comme photographe de rue, j’aurais plutôt tendance à me dire photographe urbain.

SPF : Y a-t-il des photographes de rue qui vous inspirent ?
Stefano Balestrini : Oui bien sûr, il y a déjà ceux que j’ai nommés plus haut mais beaucoup d’autres m’apportent beaucoup d’émotion quand je vois leur travail. Rui Palha, Mila Plum’s, Alan Schaller, Joel Meyerowitz et beaucoup d’autres, il serait trop long de tous les nommer.

SPF : Pouvez-vous partager une de vos photos de rue préférées et raconter son histoire ?
Stefano Balestrini : La petite fille qui court dans le passage souterrain, la photo n’est pas très nette, il y a le flou de bougé dû à la vitesse de prise de vue et le mouvement de la fille. Mais cette image je l’ai attendue pendant un sacré moment. L’endroit et la lumière qui s’infiltre m’offraient un graphisme qui me plaisait bien mais il y avait peu de passage et le peu de monde qui passait par là se retirait à la vue du photographe. J’étais sur le point de quitter les lieux, après de longues minutes d’attente, quand j’ai plus entendu que vu la fillette arriver en courant. J’ai juste eu le temps de recadrer et de shooter ce moment, magique à mes yeux.

SPF : Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en pratiquant la photographie de rue ?
Stefano Balestrini : En Suisse, la loi sur le droit à l’image est très restrictive. Il devient difficile de photographier dans la rue sans se faire interpeler par les passants ou parfois la police. Il y a, en Suisse, de plus en plus de panneaux ‘Interdiction de photographier’ installés dans les lieux publics.

SPF : Pouvez-vous partager une expérience mémorable que vous avez vécue tout en faisant de la photographie de rue ?
Stefano Balestrini : Oui, une belle rencontre ! Je me rendais à Lausanne dans l’intention de photographier un artiste de rue que j’avais connu dans une autre ville et qui m’avait annoncé venir ce jour-là dans la capitale vaudoise. Ne le trouvant pas où il m’avait dit se rendre, je le cherchais en ville dans les différents endroits où je pourrais éventuellement le trouver. Après plus d’une heure de recherche je décide de rebrousser chemin. Me dirigeant vers ma voiture, sans y prendre garde et tout absorbé par mes pensées, je croise un groupe de jeunes punks assis à même le sol, toutes crêtes tendues et bariolés à souhait. Mais quand même, je m’arrête quelques mètres plus loin en me disant, tu ne vas pas passer à côté de cette opportunité de tirer deux ou trois portraits. Je reviens sur mes pas et leur demande si je peux prendre quelques photos, ce qu’ils acceptent. Mais tout de même avec une condition ‘ça fera une bière’ me dit l’un d’entre eux. OK je rétorque, avec dans la tête mes belles idées préconçues. Je prends mes photos en quelques minutes et quand je finis je leur demande où se trouve le magasin le plus proche, pour les bières. Et là le jeune homme me dit, on ne te demande pas d’acheter des bières, mais d’en boire une avec nous en me tendant une canette sortie de son sac. Beau moment de partage et j’ai pu ravaler mes préjugés, avec quelques gorgées de bière. Je suis resté avec mes convives pendant plus d’une heure, et vous savez de quoi on a parlé ? De photo bien sûr.

SPF : Comment gérez-vous les questions d’éthique liées à la photographie de rue, en particulier en ce qui concerne la vie privée des sujets ?
Stefano Balestrini : J’évite de publier des images blessantes et qui pourraient déplaire. Souvent, quand c’est possible, j’engage un dialogue avec la personne photographiée et ça passe très bien. Dans ma pratique de photo urbaine, j’intègre un ou plusieurs personnages dans le cadre afin de donner une dimension à l’endroit que je photographie. Je m’arrange le plus souvent de les prendre en contre-jour ou de manière que l’on ne puisse pas les reconnaître.

SPF : Avez-vous déjà eu des situations délicates en photographie de rue et comment les avez-vous gérées ?
Stefano Balestrini : Il m’arrive de plus en plus souvent qu’une personne m’interpelle pour me demander si je l’ai photographiée. Dans ce cas je montre l’image et si la personne le demande, j’efface cette image.

SPF : Quels conseils donneriez-vous aux débutants qui souhaitent se lancer dans la photographie de rue ?
Stefano Balestrini : Je n’ai pas vraiment de conseils, si ce n’est de connaître son appareil à fond pour qu’il devienne le prolongement de l’œ il. Mieux vous maîtrisez votre matériel et moins vous aurez à réfléchir lors de vos sorties en ville. Utilisez la technique du ‘zone focusing’ pour plus de réactivité.

SPF : Avez-vous des recommandations pour développer sa créativité en photographie de rue ?
Stefano Balestrini : Apprenez des grands photographes, intéressez-vous à leur travail et visionnez leurs images. Sortez, allez dans la rue et photographiez. Vous finirez par développer votre style personnel.

SPF : Avez-vous des projets ou des objectifs futurs en photographie de rue que vous aimeriez partager ?
Stefano Balestrini : Pas particulièrement en ce moment, si ce n’est de continuer mes pérégrinations à me perdre dans les rues des différentes villes que je visiterai.

SPF : Prévoyez-vous de participer à des expositions ou des publications prochainement ?
Stefano Balestrini : J’ai un projet d’exposition de mes photos de rue mais tirées avec un procédé alternatif qui est le cyanotype et une tonification avec du café. Ça donne un effet de vieilles photographies qui me plaît bien mais ça prendra encore un peu de temps. Je reste ouvert à toutes propositions.

SPF : Comment avez-vous rejoint Street Photography France ?
Stefano Balestrini : J’ai connu SPF via les réseaux sociaux et la démarche m’a intéressé au vu de la dynamique et de l’engagement de ses membres et fondateurs.

SPF : Quels avantages trouvez-vous dans l’appartenance à cette communauté ?
Stefano Balestrini : Tout frais dans cette communauté, je ne peux encore parler d’avantages. Je m’attends à pouvoir partager, dialoguer et rester informé sur la mouvance de la photo de rue.

SPF : Avez-vous des projets ou des idées pour renforcer la communauté de Street Photography France ?
Stefano Balestrini : Comme dit plus haut, je suis encore trop frais dans cette communauté, mais je ne manquerais pas d’apporter ma patte si toutefois il me vient des idées. Et je remercie d’avance tous les contributeurs pour leur travail et leur dynamisme.

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