Interview avec Jérôme Meunier : La Vie Urbaine à Travers l’Objectif

Découvrez l’univers de Jérôme Meunier, un photographe de rue passionné, membre de Street Photography France. Dans cette interview, Jérôme partage son parcours, ses inspirations, son matériel préféré et ses conseils pour les débutants en photographie de rue.

On pose les questions à jérôme…

Dans cette interview, Jérôme Meunier partage avec nous son parcours photographique.

SPF : Comment avez-vous découvert la photographie de rue ?
Jérôme Meunier : J’ai découvert la photographie de rue lors d’une exposition de photographies visitée peu de temps après mon arrivée en France. Je ne me souviens plus qui était exposé dans la petite galerie, mais j’ai trouvé que les scènes de rue en noir et blanc étaient poétiques. Concomitamment, j’avais quitté un environnement campagnard pour me retrouver dans cette ville de Paris si riche en monuments et si pleine de vie. Puis, lors de mes études d’art graphique, j’ai découvert de nombreux photographes, notamment Henri Cartier-Bresson et Evelyne Atwood, célèbres photographes de rue. Ces découvertes successives, tant pratiques que théoriques, m’ont conduit à découvrir l’univers de la photographie de rue que je n’ai pu quitter.

SPF : Depuis combien de temps pratiquez-vous la photographie de rue ?
Jérôme Meunier : Je ne compte plus les années depuis longtemps, mais je dirais que je pratique la photographie au quotidien depuis le début de mes études d’art. J’ai eu un professeur de photographie qui a su me donner l’envie d’aller plus loin dans ce domaine. Depuis, j’ai toujours un appareil, quel qu’il soit, sur moi.

SPF : Avez-vous suivi une formation en photographie, ou êtes-vous autodidacte ?
Jérôme Meunier : Je me considère comme principalement autodidacte, même si j’ai suivi des cours de photographie argentique et de gestion de la lumière pendant mes études d’art.

SPF : Quel matériel utilisez-vous pour la photographie de rue (appareil photo, objectifs, accessoires, etc.) ?
Jérôme Meunier : J’utilise depuis plusieurs années des boîtiers Leica avec des objectifs de 28, 35 et 50 mm. Je ne prends qu’un appareil avec une seule optique pour mes sorties photo, et rien d’autre. Pas besoin d’accessoires ou autre. Juste le boîtier et une bonne paire de baskets.

SPF : Avez-vous un équipement préféré pour la photographie de rue, et pourquoi ?
Jérôme Meunier : J’apprécie énormément mon Leica Monochrom pour sa simplicité d’utilisation. Habituellement, je choisis un objectif de 35 mm ou de 50 mm en fonction de mes sujets et de mon inspiration. Lors des jours pluvieux, j’opte plutôt pour mon Leica SL2 équipé d’un objectif de 35 mm ou de 50 mm, ce qui me permet de sortir sans hésitation, peu importe les conditions météorologiques. Ma passion pour la photographie argentique se reflète également dans l’utilisation de mon Leica MP avec un objectif de 28 mm.

SPF : Comment définiriez-vous votre style en photographie de rue ?
Jérôme Meunier : Ma pratique photographique se concentre principalement sur le genre de la photographie de rue, où je me consacre à fixer les instants quotidiens, les interactions humaines et les événements qui se déroulent au cœur des environnements urbains. À travers mes clichés, mon objectif est de capturer la vérité et la richesse de la vie ordinaire, en cherchant à révéler la beauté inattendue ainsi que la complexité des scènes urbaines qui nous entourent. J’apprécie particulièrement jouer avec les contrastes et les jeux de lumière pour accentuer mes compositions. L’utilisation du noir et blanc me permet de renforcer l’impact visuel de mes photographies.

SPF : Y a-t-il des photographes de rue qui vous inspirent ?
Jérôme Meunier : La photographie, pour moi, est une exploration de la poésie visuelle capturée dans l’ordinaire de la vie urbaine. Inspiré par des maîtres tels que Brassaï et son œuvre emblématique « Paris de nuit », je cherche à révéler la beauté cachée et la complexité des scènes urbaines à travers mon objectif. Comme Joel Meyerowitz, Elliott Erwitt et Vivian Maier, j’aspire à capturer des moments fugaces et significatifs qui transforment l’ordinaire en quelque chose de remarquable. Chaque photographie devient ainsi une exploration intime de la lumière, des contrastes et des émotions qui habitent nos espaces quotidiens, offrant une perspective unique sur le monde qui nous entoure.

SPF : Pouvez-vous partager une de vos photos de rue préférées et raconter son histoire ?

Jérôme Meunier : Il en existe plusieurs, mais une photo que j’affectionne particulièrement est celle de Montmartre prise de nuit. J’aime me promener sous les étoiles, lorsque tout est paisible et serein. Cette photo s’est imposée à moi comme une révélation. C’était un petit matin de décembre, vers cinq ou six heures. Le froid de la nuit engourdissait mes doigts tandis que je gravissais les hauteurs de Montmartre, près de la Place du Tertre. Le ciel commençait à s’illuminer doucement, la brume matinale ajoutant à la magie du moment.

Pas à pas, j’escaladai l’autre versant de la butte, près du Château d’Eau. Entre les immeubles, au sommet des escaliers, un réverbère se dressait. Sa lumière douce comme une lune, avec des teintes bleues et orangées à travers le brouillard, semblait tourner la tête.

Juste au moment où je m’apprêtai à capturer cette scène, une lumière s’alluma dans une fenêtre d’appartement, comme si le réverbère avait attiré son attention. Clic. La photo fut prise, figeant à jamais cet instant. Il était alors temps pour moi de regagner mon lit, le cœur rempli de cette vision nocturne captivante.

SPF : Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en pratiquant la photographie de rue ?
Jérôme Meunier : Le seul défi dans la rue, c’est soi-même. La rue est l’une des plus belles inspirations pour un photographe.

SPF : Pouvez-vous partager une expérience mémorable que vous avez vécue tout en faisant de la photographie de rue ?
Jérôme Meunier : La photographie de rue ne se résume pas à un seul moment, mais à plusieurs. C’est le fait de passer quelques minutes avec des personnes dans la rue ou dans un lieu, de capturer leur image, qui définit pour moi cette pratique. Ces individus ont souvent des parcours de vie remarquables et une profonde richesse intérieure. Chacun de ces échanges est profondément enrichissant. Il arrive aussi que la rue ou le lieu que vous avez dans votre cadre semble répondre à vos attentes, et à ce moment-là, un cliché réussi s’impose.

SPF : Comment gérez-vous les questions d’éthique liées à la photographie de rue, en particulier en ce qui concerne la vie privée des sujets ?
Jérôme Meunier : Généralement, je demande toujours à la personne que je m’apprête à prendre en photo son autorisation. Je n’ai eu que très peu de refus. Exceptionnellement, si je prends sur le vif une personne, je lui montre le résultat pour lui demander son autorisation. Cette démarche me permet également d’échanger avec la personne.

Si elle refuse, ce n’est pas grave, il y en aura d’autres. Si je prends quelqu’un sur le vif, je vais la voir après la photo pour lui montrer le résultat et lui demander si cela la dérange si je l’utilise. Je pense que faire la démarche d’aller vers les autres surprend le sujet et généralement tout se passe bien. Je n’ai jamais eu de clash ou d’embrouille.

SPF : Avez-vous déjà eu des situations délicates en photographie de rue et comment les avez-vous gérées ?
Jérôme Meunier : Je n’ai jamais rencontré de telles situations, sauf quelques refus nets de laisser se prendre en photo, ce que j’ai bien évidemment respecté.

SPF : Quels conseils donneriez-vous aux débutants qui souhaitent se lancer dans la photographie de rue ?
Jérôme Meunier : Mon conseil est de pratiquer la photographie tous les jours, même si les résultats ne sont pas toujours satisfaisants, qu’ils soient flous ou autres. Chaque photo est une opportunité d’apprentissage où l’on peut comprendre et corriger ses erreurs. C’est en expérimentant et en persistant que l’on progresse, en affinant son regard et sa technique pour capturer des moments avec plus de précision et de créativité.

SPF : Avez-vous des recommandations pour développer sa créativité en photographie de rue ?
Jérôme Meunier : Se balader, observer le monde qui nous entoure, respirer et déclencher. Le reste viendra naturellement.

SPF : Avez-vous des projets ou des objectifs futurs en photographie de rue que vous aimeriez partager ?
Jérôme Meunier : J’ai plusieurs projets en tête, parmi lesquels j’ai commencé à travailler sur un projet photographique. J’ai eu la chance d’exposer au Leica Store de Lille avec le début de cette série de photos, qui explore le flou de mouvement dans l’environnement urbain. Cependant, produire des photos exploitables demande beaucoup de temps. J’ai d’autres idées en tête, mais je réfléchis encore à la meilleure façon de les concrétiser.

SPF : Prévoyez-vous de participer à des expositions ou des publications prochainement ?
Jérôme Meunier : Pour le moment, il n’est pas facile pour les photographes de trouver de bonnes opportunités et de se vendre efficacement. C’est un défi très complexe.

SPF : Comment avez-vous rejoint Street Photography France ?
Jérôme Meunier : Depuis le début, je vous suis et j’apprécie la simplicité et l’éthique de votre approche. J’aime cette dynamique, c’est pourquoi j’ai décidé de vous rejoindre.

SPF : Quels avantages trouvez-vous dans l’appartenance à cette communauté ?
Jérôme Meunier : Appartenir à cette communauté permet d’échanger des idées, des vues et des perspectives différentes. L’échange est une richesse à entretenir.

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