Interview avec Hervé Mangin d’Ouince : Photographe de Rue Passionné

Découvrez l’interview de Hervé Mangin d’Ouince, membre de Street Photography France, où il partage ses débuts, son matériel préféré, ses défis et ses inspirations en photographie de rue. Apprenez comment il capture des moments uniques et gère les questions d’éthique liées à la photographie de rue. Un aperçu inspirant pour tous les passionnés de photographie.

On pose les questions à hervé…

Dans cette interview, Hervé Mangin d’Ouince partage avec nous son parcours photographique.

SPF : Comment avez-vous découvert la photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : Lors de mes visites assidues à la FNAC, je passe toujours un bon moment à regarder les livres du rayon photo, ce depuis plus de trente ans. C’est là que j’ai découvert les photographies des plus grands comme Cartier-Bresson et Erwitt.

SPF : Depuis combien de temps pratiquez-vous la photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : Depuis 2010.

SPF : Avez-vous suivi une formation en photographie, ou êtes-vous autodidacte ?
Hervé Mangin d’Ouince : J’ai découvert la photographie dans les années 80, en retrouvant un vieil appareil de mon père qui traînait dans un placard. Il m’a expliqué (très succinctement) le triangle d’exposition et je me suis débrouillé en photographiant un peu tout et n’importe quoi (ce que je fais encore aujourd’hui, la technique en plus !). Faute de professeur et de contenu de formation, j’ai rapidement laissé tomber. C’est en 2010, après un burn out, que j’ai décidé de me remettre à la photo, notamment à la photographie de rue. Pendant les premières années, je me suis principalement formé avec des livres comme « La Photographie Numérique pour Les Nuls » ou tous les ouvrages de Michael Freeman, Bryan Peterson, et d’autres que j’ai toujours à la maison. J’ai aussi acheté énormément de livres (Henri Cartier-Bresson, Salgado, Michael Kenna, Ansell Adams, Eliott Erwitt, Doisneau, Sieff…) et j’en achète encore. La vidéo et les formations en ligne m’ont permis de me perfectionner et continuent de le faire. Il y a tellement de contenu disponible !

SPF : Quel matériel utilisez-vous pour la photographie de rue (appareil photo, objectifs, accessoires, etc.) ?
Hervé Mangin d’Ouince : J’ai commencé avec des reflex Canon et un EF L 24-70 f/2.8 que j’utilise encore. Il m’est également arrivé d’utiliser du téléobjectif et du grand angle. Certains puristes vous diront que la street se fait à la focale fixe, 35 mm ou 50 mm, mais j’aime pouvoir tirer parti de toutes les possibilités qui s’offrent à moi. Et puis il m’arrive de partir pour faire de la street et de revenir avec du portrait ou de la photographie d’architecture. Aujourd’hui, je pars avec un sac contenant : un Leica SL2S avec un objectif Leica Vario Elmarit 24-70 f/2.8, un Sigma 14-24 f :2.8 de la série ART et mon Leica M10 R et son summilux 35 mm f/1.4.

SPF : Avez-vous un équipement préféré pour la photographie de rue, et pourquoi ?
Hervé Mangin d’Ouince : Le Leica M !! C’est le boitier que j’ai tous les jours avec moi. Je l’utilise avec un Summilux 35 mm. Outre la qualité, je l’apprécie tout particulièrement pour sa compacité, sa discrétion et sa rapidité. C’est vrai que le Zone Focusing demande un peu de pratique (il m’arrive encore de rater !!!), mais une fois que l’on a compris le principe, c’est fabuleux !

SPF : Comment définiriez-vous votre style en photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : C’est une question d’autant plus difficile que je ne me la suis jamais vraiment posée. Je ne pense pas être en mesure de définir mon style, je ne suis même pas sûr d’avoir un style. Mais je peux vous parler de ce que j’aime et que je cherche à photographier. J’apprécie tout particulièrement le contraste. J’aime les photographies très contrastées (mais pas trop !) et les ambiances avec très peu de contraste, en couleur comme en noir et blanc. J’ai tendance à trouver un peu fade tout ce qu’il y a entre les deux. En fait, il faut que mes photos reflètent la réalité de mon quotidien, comme je le vois.

SPF : Y a-t-il des photographes de rue qui vous inspirent ?
Hervé Mangin d’Ouince : Plein ! Il y a ceux que j’ai déjà cités mais j’aime également Saul Leiter, David Ken, Phi Penman, Genaro Bardy, Alan Schaller, Satoshi Inagaki…

SPF : Pouvez-vous partager une de vos photos de rue préférées et raconter son histoire ?
Hervé Mangin d’Ouince : (La photo est sur la dernière page et s’intitule « L’enfant et la tour ») Cette photo été prise en 2012 sur l’esplanade de la Défense. La focale de 17 mm n’était pas ce que j’avais initialement en tête. Au départ, j’étais à 40 mm et placé plus loin. Je voulais la tour seule et droite. Le « stratège » que j’étais n’avais pas pensé à la foule à cet endroit un jour férié… Au bout de 20 minutes d’attente sans une seconde sans personne dans le cadre, je me dis qu’en me rapprochant je diminuerais l’espace libre entre la tour et moi, laissant moins de place aux badauds. En plus, le 17 mm augmente l’effet de perspective et apporte une certaine dynamique. La situation s’était améliorée mais il y avait encore des passants. Au bout de 10-15 minutes la chance semblait vouloir me sourire quand l’enfant est arrivé en courant dans tous les sens. Et j’ai eu l’idée d’attendre le bon moment pour avoir l’enfant seul face à la tour. La chance m’a sourit car j’ai finalement obtenu ce cliché. Au bout du compte, j’ai finalement mis 40 minutes pour cette photo.

SPF : Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté en pratiquant la photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : Les gens ! Je voudrais prendre plus de personnes en photo. C’est mon défi du moment ! J’ai toujours l’impression que je vais me faire « griller ». J’ai des scrupules (alors que je ne devrais pas !) à déclencher à leur insu mais c’est la seule façon de préserver leur spontanéité. Et puis en France, et plus encore dans les villes, les gens sont très méfiants et se sentent « violés ».

SPF : Pouvez-vous partager une expérience mémorable que vous avez vécue tout en faisant de la photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : À part celle de la Défense, je n’ai pas vraiment d’expérience mémorable.

SPF : Comment gérez-vous les questions d’éthique liées à la photographie de rue, en particulier en ce qui concerne la vie privée des sujets ?
Hervé Mangin d’Ouince : La plupart du temps tout ce qui se passe dans la rue ne me pose pas réellement de problème car je m’interdis toute prise de vue en désaccord avec les textes de loi qui sont assez clairs. Je ne photographie pas les SDF, les victimes d’accident, les gens ivres etc… Franchement, pour ces cas je trouve que la loi n’est même pas nécessaire quand on a un tant soit peu d’empathie et de bon sens. L’autre cas d’école, je veux bien sûr parler des couples, je n’en photographie quasiment jamais car j’estime que les moments d’intimité leur appartiennent. Maintenant, si je tombe sur quelque chose qui m’émeut plus, un baiser, un regard, un geste ou une attitude qui sort du lot je vais prendre la ou les photos et j’irai voir ensuite les sujets pour m’assurer qu’ils sont ok, quitte à leur envoyer la ou les photos par la suite. Je m’interdis également de photographier à l’intérieur d’un lieu privé même depuis la rue.

SPF : Avez-vous déjà eu des situations délicates en photographie de rue et comment les avez-vous gérées ?
Hervé Mangin d’Ouince : Une seule fois et, avec du recul, ce n’était pas si délicat. Il y avait un ancien garage abandonné avec de vieilles épaves dans lesquelles il y avait même des ronces ! J’ai commencé à prendre mes photos et, au bout de quelques instants, j’ai entendu une voix derrière moi me lançant « tu as perdu quelque chose ? » de façon pas très amicale. Je me suis retourné et ai vu un type les bras croisés qui me fixait. Je me suis excusé et expliqué que je croyais l’endroit abandonné. Je lui ai dit que j’étais photographe et je lui ai montré mon Instagram. Cet homme s’est tout de suite apaisé et tout s’est bien terminé.

SPF : Quels conseils donneriez-vous aux débutants qui souhaitent se lancer dans la photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : Commencer par le commencement, c’est-à-dire bien connaître le triangle d’exposition et les fondamentaux de la composition. Bien connaître son matériel, mais cela viendra avec le temps !

SPF : Avez-vous des recommandations pour développer sa créativité en photographie de rue ?
Hervé Mangin d’Ouince : Je ne pense pas avoir suffisamment d’expérience pour donner des conseils alors je vais répéter ce que j’ai retenu de mes lectures, visionnages et discussions avec des photographes de talent : sortir, observer, regarder en haut et en bas, écouter, sentir. Quand on connait bien les lieux et les gens, on peut anticiper certaines situations potentiellement intéressantes. Prendre des photos et louper des photos ! Regarder et analyser le travail des autres, nourrir sa culture de l’image.

SPF : Avez-vous des projets ou des objectifs futurs en photographie de rue que vous aimeriez partager ?
Hervé Mangin d’Ouince : Toujours dans l’idée de prendre plus de personnes j’ai quelques idées de séries avec les gens, mais pas de réel projet.

SPF : Prévoyez-vous de participer à des expositions ou des publications prochainement ?
Hervé Mangin d’Ouince : Sauf occasion inattendue, rien de prévu mais ça me fait très envie et la question fait son chemin dans ma tête.

SPF : Comment avez-vous rejoint Street Photography France ?
Hervé Mangin d’Ouince : J’ai connu SPF par le biais d’Instagram et je me suis rendu sur le site internet.

SPF : Quels avantages trouvez-vous dans l’appartenance à cette communauté ?
Hervé Mangin d’Ouince : Cela ne fait que très peu de temps que je suis membre mais j’y vois déjà quelques avantages : gagner en notoriété auprès du public et d’autres photographes. Et puis c’est surtout une communauté avec la possibilité d’échanger et un accès au travail d’autres passionnés ! Pour les autres avantages, je verrai avec le temps !

SPF : Avez-vous des projets ou des idées pour renforcer la communauté de Street Photography France ?
Hervé Mangin d’Ouince : Pas encore, mais ça viendra certainement.

 

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